H. Laborit : "Il n'y a donc pas d'instinct de propriété ; il n'y a donc pas non plus d'instinct de dominance. Il y a simplement l'apprentissage, par le système nerveux d'un individu, de la nécessité pour lui de conserver à sa disposition un objet ou un être qui est aussi désiré, envié, par un autre être. Et il sait, par apprentissage, que, dans cette compétition, s'il veut garder l'objet ou l'être à sa disposition, il devra dominer."
"Le langage ne contribue ainsi qu'à cacher la cause des dominances, les mécanismes d'établissement de ces dominances et à faire croire à un individu qu'en œuvrant pour l'ensemble social, il réalise son propre plaisir alors qu'il ne fait, en général, que maintenir des situations hiérarchiques qui se cachent sous des alibis langagiers, des alibis fournis par le langage, qui lui servent en quelque sorte d'excuses."
"Ainsi, répétons-le, cette situation dans laquelle un individu peut se trouver d'inhibition dans son action, si elle se prolonge, commande à toute la pathologie. Les perturbations biologiques qui l'accompagnent vont déchaîner aussi bien l'apparition de maladies infectieuses que tous les comportements de ce qu'on appelle les maladies mentales. Quand son agressivité ne peut plus s'exprimer sur les autres, elle peut encore s'exprimer sur lui-même de deux façons. Il somatisera. C'est-à-dire qu'il dirigera son agressivité sur son estomac ; il y fera un trou, un ulcère d'estomac. Sur son cœur et ses vaisseaux il fera une hypertension artérielle. Quelquefois même des lésions aiguës qui aboutissent aux maladies cardiaques brutales : des infarctus, des hémorragies cérébrales ; ou des urticaires ou des crises d'asthme. Il pourra aussi orienter son agressivité contre lui-même d'une façon encore plus efficace : il peut se suicider. Et, quand on ne peut pas être agressif envers les autres, on peut, par le suicide, être agressif encore par rapport à soi."
"On commence à comprendre par quel mécanisme, pourquoi et comment, à travers l'histoire et dans le présent se sont établi des échelles hiérarchiques de dominance. Pour aller sur la lune, on a besoin de connaître les lois de la gravitation. Quand on connaît ces lois de la gravitation, ça ne veut pas dire qu'on se libère de la gravitation. Ça veut dire qu'on les utilise pour faire autre chose. Tant que l'on n'aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l'utilisent, tant qu'on n'aura pas dit que, jusqu'ici, ça a toujours été pour dominer l'autre, il y a peu de chances qu'il y ait quelque chose qui change."
Extraits de http://www.philo5.com/Les%20philosophes%20Textes/Laborit_MonOncleDAmerique.htm je vous suggère bien sûr d'aller lire l'entièreté, voir même de regarder les vidéos en question.