Entre-autre EPE : l'école des Parents et des Educateurs, qui fête ses 60 ans en 2009! Félicitations!
Ils proposent une newsletter, une bibliothèque de l'éducation, des formations (communication non-violente, analyse transactionnelle, formation Gordon, etc.), des séminaires, des conférences, ... et également un FORUM, accessible depuis leur site internet.
Pour qui ? Ce FORUM est ouvert à toute personne engagée dans l’éducation d’enfants ou d’adolescents, spécialement aux parents, grandsparents, enseignants, travailleurs sociaux, professionnelles de l’enfance, …
Le témoignage et le point de vue des enfants et des adolescents sont également les bienvenus.
Un FORUM, c’est quoi ? Ce FORUM est un espace d’échanges d’expériences, de savoirs, de questions. Il vise à soutenir ces personnes dans leurs tâches éducatives quotidiennes.
Les personnes qui prennent part à ce forum acceptent de participer dans un esprit de convivialité et d’entraide. Le respect de chacun est aussi un principe important pour nous.
Comment ? Un « clic » sur www.ecoledesparents.be, puis bouton FORUM
Voici le dernier Edito, que j'ai trouvé plein de bon-sens, de leur président dans leur p'tit magasine ("REPERES") présentant leurs activités :
2009 commence à peine : nous avons été choqués par le drame de Termonde. Juste après, cette bande d’ados vandales qui va effrayer les élèves de l’athénée d’Alleur en plein repas de midi, et puis deux autres qui s‘exercent au painting ball dans une autre école, dans la région de Charleroi ! Et juste au moment de mettre à l’impression, c‘est la tuerie de Stuttgart, pour se donner enfi n le sentiment d‘exister et d‘être reconnu ! Voilà pour le spectaculaire, qui reste exceptionnel dans son horreur ou sa bruyance stupide !
Mais à côté, que d’agressions dont on ne parle pas, plus discrètes ou mineures dans leurs résultats tangibles, mais parfois fort traumatisantes psychiquement : rackets, vols à l’arraché, propositions sexuelles brutales, scènes de violence domestique, insultes ou remarques radicalement injustes venant des autres, des profs, des parents eux-mêmes. Le monde dans lequel grandissent nos enfants n’est décidément pas sans embûches ni épines !
Néanmoins dans notre société belge riche et bien organisée au bénéfi ce du grand nombre, la vie est plus souvent positive que source d’agressions. Les enfants reçoivent largement leur dû en amour, en protection, en stimulations, en biens matériels…
Notre société est plutôt pacifi que et bon enfant.
Ce n’est pas chez nous que le gouvernement obtiendrait facilement de la population, comme si c’était là une attitude citoyenne, la délation des plus misérables, par exemple ceux qui n’ont pas de papiers. Ça, c’est pour les fans d’Hortefeux, Eric Besson et Berlusconi.
Même si des émotions fortes de peine, d’angoisse et de vindicte nous assaillent lorsqu’on s’en prend aux plus faibles autour de nous, il nous faut à la fois les accepter et les maîtriser et planifi er l’éducation et l’organisation sociale en référence à notre raison.
Et que me dit la mienne ? Que notre première responsabilité reste de montrer à nos enfants qu’il fait bon vivre chez nous. Que vivre, prendre son envol, se donner de l’autonomie, c’est chouette. Que la vie n ‘est pas absurde, comme le pensait le jeune tueur de Stuttgart, mais qu’on peut y réaliser mille beaux projets, auxquels on tient, et être reconnu par eux. Que vivre, c’est parfois prendre des risques et aller à l’aventure et donc les parents, même anxieux, ne doivent pas se donner l’illusion de contrôler tous les agissements, risques et imprudences de leurs bambins via fi ltres parentaux, portables avec GPS incorporés et autres webcams dissimulées dans les pots de fl eurs.
Ma raison me dit encore que, dans cet espace de vie que nous ouvrons à nos enfants, il nous revient de les encourager et de les entraîner à être lucides, forts et effi caces.
Lucides ? Qu’ils apprennent à décoder : les intentions des autres, les messages des médias, ceux d’Internet. Qu’ils apprennent à évaluer les risques qu’ils prennent : lorsqu’ils affi rment leurs opinions, lorsqu’ils partent à l’aventure, lorsqu’ils font étalage de leurs richesses au nez de ceux qui se sentent exclus, etc.
Forts et effi caces ? D’abord et avant tout, en ayant confi ance dans le fait qu’ils peuvent l’être. En ne disqualifi ant pas d’un air entendu leurs stratégies spontanées d’auto-défense. En Allemagne quelques ados ont sauvé leur vie en sautant par la fenêtre ou en descendant d‘une échelle : bravo pour leur pouvoir d ‘initiative et leur énergie ! Une puéricultrice stagiaire en avait fait autant à Termonde, en prenant un bébé avec elle.
En nous réjouissant quand ils savent prendre leur place, en en remettant d’autres à la leur, même si c’est parfois à nos dépens : de temps en temps, nous les méritons bien, les « non », et les protestations qu’ils nous opposent.
Une autre responsabilité délicate à gérer, c’est la qualité de notre accueil face à leurs confi dences et à leurs demandes d’aide :
− Ecouter d’une oreille attentive et sans à priori les confi dences qui nous embarrassent (le grand fi ls de nos voisins et amis, qui les « embête » de façon trouble ; l’instituteur qui a vraiment l’air de ne pas supporter notre jeune hyperkinétique…).
− Chercher avec eux quelle est la meilleure stratégie pour réduire la diffi culté du moment : jusqu’à quel point vaut-il mieux qu’ils se débrouillent seuls ? Jusqu’à quel point devons-nous nous engager à leurs côtés, voire à leur place ? Attention aux réfl exes trop rapides dans ce domaine !
De façon plus diffuse, « sociétale », toutes nos communautés de vie ont besoins de solidarité. Que nous veillions les uns sur les autres et surtout sur les plus faibles. Que nous nous donnions le droit d’aller vers celui qui a l’air de souffrir tout seul. De demander à celui qui semble menacé s’il n’a pas besoin d’un coup de main. Que nous n’acceptions pas l’exclusion, à tous les âges de la vie : c’est cet engagement de chacun pour l’autre, cette place donnée par chacun à l‘autre qui, radicalement, renforce la sécurité d’une société.
Faut-il franchir un pas de plus et investir en moyens matériels supplémentaires de sécurisation dans nos crèches, nos écoles ?
Je n’en suis pas convaincu.
C’est aller contre notre culture, plutôt ouverte et accueillante. Nous vivons dans un pays où existe bien un portail de sécurité à l’entrée du Palais de Justice le plus massif qui soit. Mais il ne fonctionne pas, ou il suffi t de passer à côté ! Quel superbe symbole !
En outre, ces moyens techniques sont largement ineffi caces : voyez ce qui se passe dans des sociétés qui essaient d’être plus sécurisées, comme les USA : c’est là, qu’ont lieu les actes de violence les plus graves. Ces moyens ne font jamais qu’exciter les plus pervers et les plus rusés à les ridiculiser, comme des défi s à abattre.
Je préfère donc que nous misions sur des attitudes, celles de solidarité que je viens d’évoquer. Un peu plus de vigilance nonnaïve, sans doute ! Et encore, donner de l’importance à tout le monde, de manière à ne pas générer des exclus qui crachent la haine du haut de leurs 17 ans !
Et donc, pour boucler la boucle, je reviens à l’idée d’une société belge dans laquelle il fait bon vivre. Ce n’est vrai que
statistiquement bien sûr !
Je n’oublie pas les familles qui vivent dans la précarité et la pauvreté, dont la proportion ne cesse de croître. Ni les sans papiers et leurs enfants qui continuent souvent à faire l’objet de traitements indignes des droits humains. Ni tous ces enfants et adolescents trop seuls, physiquement ou moralement, dans la semi-indifférence d’adultes occupés à se donner le droit d’être eux-mêmes. Eux aussi, ont bien besoin de solidarité pour les protéger des mêmes agressions que tout le monde, mais aussi pour s’entendre reconnaître une valeur au quotidien.
Président du Conseil d’Administration de l’EPE
Psychiatre infanto juvénile, Professeur émérite à la Faculté de médecine de l’Université catholique de Louvain, Belgique.